Le fléau du sang by Malia Belrun

Le fléau du sang by Malia Belrun

Auteur:Malia Belrun [Belrun, Malia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Éditeur: Les Editions Livresque
Publié: 2019-03-31T22:00:00+00:00


24

7 avril 2017

Notion du temps abstraite. Cerveau déconnecté. Lorsqu’elle entrouvrit les paupières, Alya ignorait que trois jours s’étaient écoulés depuis son évanouissement dans le salon de Casagrande. Trou noir. Gueule de bois qui ressemblait à un lendemain de fête trop arrosée.

L’unique image qui hantait sa mémoire se résumait à la vision terrifiante de ce môme au crâne presque rasé et aux yeux bicolores. Vert et gris. Santiago. Le fils d’Azaël. Son propre fils. Mais jamais elle ne le considérerait comme tel. Impossible. Elle ne détenait pas le moindre soupçon de fibre maternelle. Le néant. Rien qu’à l’idée d’une quelconque responsabilité parentale, son estomac se tordait et son cœur se liquéfiait.

Selon elle, les enfants ne représentaient que gâchis, angoisse et destruction. Ironie du sort pour la seule femme encore fertile. Brisée par son père, elle-même n’aurait jamais dû naître.

Elle aurait payé cher pour effacer ce visage qui tournoyait en boucle dans sa matière grise. Oublier cette scène. Ne l’avoir jamais rencontré. Omettre son existence. Tuer mentalement cette chose qui avait germé en elle tandis qu’elle n’était elle-même qu’une gamine. Pourquoi témoigner de l’affection à cet intrus alors qu’elle n’en avait jamais eu ? Comment réussir à aimer un être non désiré, un parasite greffé dans son utérus contre son gré ?

Une sensation désagréable la tirailla. Une gêne dans sa liberté de mouvement. Alya ouvrit grand les paupières et tourna la tête. Instinctivement, elle tira sur les anneaux qui entravaient ses membres supérieurs. Un sang chaud et anormalement épais coula le long de ses bras nus et macula son tatouage d’un rouge flamboyant.

Elle poussa un cri de douleur et se focalisa sur sa position : agenouillée au sol, les bras suspendus au-dessus de son crâne. Ses poignets étaient prisonniers de deux bracelets en acier : des cerceaux en dents de scie reliés à une grosse chaîne clouée au plafond.

Elle gigota nerveusement. Le moindre geste lui déchirait les chairs, lui arrachait la peau. Elle tenta de se concentrer et d’utiliser Nemignis. Sans succès. Le feu semblait captif à l’intérieur, retenu contre son gré. Une sensation étrange la posséda. Un fluide invisible la paralysait.

Elle lâcha un soupir d’agacement et scruta la pièce dans laquelle elle gisait. Une chambre insonorisée, aux murs capitonnés de mousse brunâtre. Ses émeraudes accrochèrent le dôme noir fiché à côté de la porte. Elle envoya un sourire machiavélique à la caméra. Son cinglé de père l’avait encore attachée. Sa spécialité. Entre ses pattes, elle se transformait en une bête de foire qu’il ligotait et observait via ses écrans.

— J’en ai ras le bol de tes jeux à la con ! hurla-t-elle. Détache-moi immédiatement ! Si tu penses que la torture fonctionnera sur moi, tu seras déçu ! J’ai vécu pire que ça !

Silence pesant. Pause avant la tempête. Le calme de l’œil du cyclone. Les battements de son cœur faisaient trembler les parois. Sa carotide pulsait trop vite.

Tintements métalliques. Raclements au plafond. La chaîne s’actionna, les épais maillons coulissèrent dans la poulie.

Elle décolla du sol dans un hurlement de douleur. Un flux pourpre fila le long de ses bras.



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